
« Héremankono » ou encore « En attendant le bonheur » en langue Bambara, c’est le thème de l’exposition du sculpteur Abou Traoré dont le vernissage a eu lieu le vendredi 4 décembre 2020 à l’Institut français de Ouagadougou.
La pratique de la sculpture en Afrique date d’une époque très ancienne. En effet, les pièces sculptées n’étaient pas appréciées pour leurs esthétiques mais plutôt pour les fonctions qu’elles remplissaient. Les statuettes et masques étaient craints et respectées lorsqu’ils jouaient un rôle au sein de la communauté. Par exemple, la poupée ashanti, peuple du Ghana, est une statuette en bois considérée comme la déesse de la fertilité. Elle est utilisée lorsqu’une femme ne peut pas avoir d’enfant. Le divin du village demandait à cette dernière de portée au dos cette statuette pendant une période bien précise ceci, afin de lui apporter le bonheur d’être mère.
Dans une volonté d’exalter l’esprit de la matière, le travail de Abou Sidibé se nourrit de ses racines africaines et des croyances universelles. Après une année d’initiation au centre d’échange culturel du village KIYI d’Abidjan et une formation académique au Centre technique des arts de Bingerville (Ecole des Beaux-arts), Abou Sidibé obtient un Brevet technique des arts appliqués en 1999.
Dans son travail de recherche, il crée des formes et des niveaux d’expressions différents, projetant sa vision du brassage d’un monde universel. Sa démarche s’inscrit dans la recherche et l’installation permanente d’un équilibre, base fondamentale de l’épanouissement de l’humanité. L’équilibre n’est-il pas parfois relatif à la dimension spirituelle de chacun ? Celle de nous projeter sur son environnement professionnel, social et culturel ? « Mon thème de prédilection, c’est l’utilisation des matériaux. Il y a plusieurs objets qui s’impliquent autour du bois. Pour moi, c’est un appel à la cohésion sociale. C’est le moment de se donner les mains par ces temps qui courent », explique le sculpteur.

Pour Lucien Humbert du village Yiri Suma, Abou Sidibé est un sculpteur qui assemble, qui a le sens des matières, des formes. « Les bronzes et les soudures de fers lui permettent de donner un mouvement à ses statuts. C’est quelque chose qu’il a rapporté de la Colombie parce que c’est quelqu’un qui s’approprie, qui adopte et qui construit avec tout ce qu’il découvre », témoigne M. Humbert qui estime que Abou Sidibé devrait peindre parce qu’il a le sens des couleurs.