Guira Alassane vis au Togo depuis 1996. President de la communauté burkinabè résidente au Togo, M. Guira est par ailleurs, le président de l’Union des transporteurs, opérateurs économiques et chauffeurs du Burkina Faso au Togo (UTOECBFT). Dans cette interview accordée à Noorinfos, il revient sur la vie de la diaspora burkinabè au Togo mais surtout sur la crise qui sécoue actuellement le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), la faitière des transporteurs au Burkina et d’autres faitières de la diaspora.
Noorinfos : Comment se porte la communauté burkinabè au Togo ?
Guira Alassane : Nos activités se passent bien ici au Togo, chacun arrive à s’en sortir donc il n’y a aucun souci majeur et nous remercions Dieu le tout Puissant. Moi par exemple, je viens régulièrement au Burkina.
Pourtant certains Burkinabè ont des difficultés à s’intégrer du point de vue administratif et social. Qu’est ce qui explique cela ?
Nous vivons des moments difficiles à cause de la pandémie du Covid-19, nous les exhortons la communauté burkinabè au Togo au respect des consignes sanitaires. Étant dans un pays hôte, faisons tout pour respecter les lois du pays d’accueil. travaillons dignement et dans l’intégrité comme le nom de notre pays l’indique. Nous sommes les ambassadeurs du Burkina au Togo et nous devons tous travailler à rehausser l’image de notre pays au Togo. Valorisons la culture du pays et essayons chacun dans son quartier, de fraterniser avec les frères togolais afin qu’il y ait l’harmonie.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
Dans notre secteur d’activité, nous n’avons pas de problème majeur. Les difficultés sont au niveau des parkings. Nous demandons aux deux Etats de faire quelque chose pour que certaines choses soient corrigées. Les parkings sont restreints et quand il pleut, il n’y a pas de passage et les camions sont dans l’eau. Nous savons que les autorités font ce qu’ils peuvent par rapport à l’état des routes. Ce que nous demandons, ce sont les lieux de stationnement avant le chargement. Les apprentis chauffeurs sont parfois obligés de dormir dans des carrosseries avec tous les risques que cela comporte. Ce sont entre autres, les difficultés que nous rencontrons. Aussi, les camions sont toujours alignés du port contenaires jusqu’à l’hôtel Sarakawa et même jusqu’au siège Ecobank. Le fait qu’ils soient alignés au bord de la voie ne sécurise pas nos confrères chauffeurs. Nous demandons que quelque chose soit faite pour éviter le pire.
Qu’en est-il de la crise qui secoue actuellement le secteur. Notamment entre le CBC et certains transporteurs ?
Au début de la crise, nous avions appelé Adama Ouédraogo, le représentant du CBC qui nous avait dis d’attendre jusqu’à l’ouverture du CBC qui était fermé. Nous remercions ce confrère qui nous a reçu avant hier (jeudi 14 janvier Ndlr) à son domicile. Nous avons discuté et il nous a fait comprendre ce qui se passe et a écouté toutes nos doléances. Il a pris note et a promis que dans la semaine, beaucoup de choses s’allègeront et que nous n’allons plus faire mention d’aller ni à l’Otraf, ni à la faîtière pour chercher le bon de chargement. Le CBC qui a eu le bon du bureau de fret de Lomé, pourra venir directement chercher son bon de chargement. Il nous a relaté quelques arrêtés qui l’avait poussé à agir ainsi mais nous n’avons pas besoin d’avoir raison. Il ne faudrait juste pas que les Burkinabè viennent donner une autre image du Burkina à l’étranger. C’est ce que nous évitons. Ce qui a été fait par les transporteurs du pays hôte est une honte pour nous parce qu’avant tout, quelque soit nos différents, c’est le pays qui compte et c’est ce que nous comprenons à l’UTOECBFT. Étant à l’étranger, nous sommes obligés d’être ensemble et parler le même langage pour préserver la paix. Mais nous regrettons amèrement une chose, le fait que le directeur CBC Ouaga arrive à Lomé sans chercher à nous voir et discutait juste avec la partie togolaise. Il est allé au ministère des Transports du Togo et tenir des réunions mais sans nous recevoir. Pourtant le problème c’est nous-même. Nous trouvons que c’était un petit manque de considération.
Que reprochez-vous concrètement au CBC?
Nulle part dans l’arrêté, il n’a été question d’aller à la faîtière et à l’Otraf pour prendre un visa, un cachet signé avant de revenir au CBC pour prendre le bon de chargement. Le fret a été remis entre les mains du CBC et c’est l’institution qui fait le partage. Maintenant, le CBC qui est habilité à nous délivrer les bons de chargement nous renvoie à une autre structure. Pourtant il n’a jamais été question dans l’arrêté qu’il faut aller prendre le visa d’une structure quelconque avant d’obtenir le bon de chargement. L’opérateur économique ne peut pas laisser sa marchandise. Il est dans le besoin et ses clients attendent d’être livré. On ne doit pas nous amender parce que nous avons refusé d’aller prendre le visa de la faîtière. Nous ne sommes pas fautifs alors pourquoi prendre nos 200.000 FCFA à la frontière? Il faut aller à la genèse de l’histoire pour mieux la comprendre. Nous réclamons la restitution de cette somme puisque chaque transporteur a son reçu et d’autres ont déjà apporté les leurs à Lomé. Si dans l’arrêté il est mentionné qu’il faut aller chercher le visa à l’Otraf, là c’est une loi et nous n’allions pas contester. Tous les transporteurs étaient devant le CBC pour demander le bon de chargement mais ils ont refusé que tant qu’on n’a pas le visa de l’Otraf et la faîtière, il n’est pas question. C’est pour cette raison que vous avez vu pas mal de camions à la frontière qui ont reçu ce coup. Nul n’est au dessus de la loi mais nous avons constaté amèrement que d’autres sont au dessus de la loi parce que la loi n’a jamais dis qu’il faut aller à la faîtière sinon personne à Lomé n’a refusé d’aller chercher le bon de chargement. C’est gratuit donc comment refuser d’aller le prendre? Nous payons 12.500 FCFA au CBC depuis la nuit des temps et personne n’a contesté donc un peu de respect pour les opérateurs économiques. Aussi, nulle part on nous a dis qu’il faut écrire le prix du transport avant qu’on nous délivre le bon de chargement. Cela n’a pas été cité dans l’arrêté donc nous demandons d’enlever cela pour le bien-être de tous. Si le CBC peut avoir deux équipes pour nous aider puisque le port autonome de Lomé travaille 24 /24 étant donné que l’opérateur économique a toujours besoin de gagner sur le temps. Si notre transitaire nous dis tout de suite qu’il a fini les documents administratifs et nous dis de faire rentrer le camions pour le chargement à 18h alors que le CBC ferme à 17 h, ça pose un problème. L’opérateur économique burkinabè est obligé d’attendre le lendemain. Le CBC ne travaille pas les samedis et dimanches et le soir à 18h, c’est fermé. Pourtant, le port travaille tous les jours. Cela veut dire que le CBC même pose problème à ses concitoyens. Donc nous sollicitons une équipe de jour et une autre de nuit au niveau du CBC pour faciliter l’obtention du bon de chargement et nous faire gagner en temps. Il a été demandé à la douane de contrôler le bon de chargement, nous applaudissons cela mais ce sont les contrôles anarchiques qui posent problème et voilà que le représentant nous dis ici que ce ne sont pas des éléments du CBC pourtant, les quittances sont celles du CBC. Aujourd’hui on nous dit que c’est pas le CBC pourtant c’est bien elle qui encaissait les 200.000 FCFA. Nous ne comprenons pas. Avant qu’on ne demande à la douane de contrôler les bons de chargement, près de 300 camions étaient à la frontière et ils ont tous payé cette somme. Que la situation soit allégée car il y a beaucoup de nos concitoyens ici si réellement on ne veut pas éjecter tous ces gens dans la rue. Pourtant la politique au Burkina est de diminuer le chômage.
Récemment, le Haut conseil des transporteurs dénonçait une manipulation du CBC dans la gestion du fret et craint le risque de pénurie de certains produits. Qu’en dites-vous ?
Nous n’allons pas accepter que le CBC nous ligote pour une structure syndicale quelconque. Nous sommes une structure aussi légalement constituée et nous avons la liberté autant que les autres structures syndicales. Par ailleurs, si une autre structure syndicale nous demande une collaboration, nous analyserons sa demande et voir dans quelle mesure une collaboration est possible. Nous disons simplement non à une imposition. Les camarades qui appellent toujours de Ouagadougou dans le cadre de la résolution de ce problème, qu’ils évitent d’affirmer que tel ou tel récépissé a été fait à Ouagadougou. J’ai juste poser la question pour savoir puisque nous au Togo, nous avons obtenu notre récépissé en 2018 et nous avons adressé une lettre d’information au Premier ministre de l’époque, Paul Kaba Thiéba de même qu’au ministre des Transports, Vincent Dabilgou, au ministre des Affaires étrangères, au ministre de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur dont nous avons les accusés de réception. Nous avons été négligé et mis de côté parce que nous ne sommes pas au pays. Donc s’il y a la faîtière, c’est juste pour ceux qui sont au Burkina. Nous n’avons pas été pris en compte. Ce n’est pas bien et il faut corriger les choses parce que nous sommes tous des Burkinabè autour du même drapeau que nous défendons. Nous voyons que d’autres ont des propos qui divisent et cela ne rassemble pas. Si le Togo va dire que comme tel ou tel syndicat n’est pas née au Togo et doit replier où il est né, que deviendrons nous en ce moment? Je lance un appel solennel à tous mes camarades du transport burkinabè à regarder dans la même direction afin de faire avancer le transport burkinabè.
Que proposez-vous donc ?
Mon secrétaire général Souleymane Ouédraogo de l’UTOE, a eu des échanges avec le ministre des Transports. Il est donc imprégné du problème. Je demande aux autorités burkinabè de suivre ce dossier et d’avoir un œil regardant pour que les 200.000 FCFA soient restitués à nos camarades qui sont victimes de ces anomalies.
Correspondance particulière