Goundi est un village de la commune de Réo dans la province du Sanguié. Son barrage situé à environ 5 Km de Koudoukou, subit de plein fouet les affres de la canicule que vit le Burkina Faso en cette saison sèche. Pas une seule goutte d’eau pour les animaux à s’abreuver, encore moins pour les populations de mener avec à bien leurs activités maraichères. Conséquences, atermoiement de production, synonyme de chômage pour certains villageois. Face à cette situation, les habitants du village ont décidé de prendre leur destins en mains en initiant une opération de « curage du barrage ».
« C’est une urgence et nous n’avons pas de raisons à rester les bras croisés. Nous sommes fatigués d’attendre les autorités compétentes et nous sommes déterminés à curer notre barrage avec les moyens de bord. » Ce sont là les propos de Yves Bazié, porte-parole du comité d’organisation du curage du barrage de Goundi. Ce sont donc des populations gonflées à bloc et très déterminées que nous avons trouvé sur le site d’un barrage ensablé et vidé de sa substance vitale.
Pas une seule goutte d’eau dans ledit barrage. Pourtant, les populations de ce village ne jurent que par le maraichage pour leur pitance quotidienne. « J’ai pratiquement les larmes aux yeux. Ma production se ralentit de jour en jour pour manque d’eau alors que c’est ma source de vie », témoigne Aimé Bazié, un maraicher. Pour Yves Bazié, les causes de cette situation pourraient être liées aux activités de maraichage autour du barrage, à la production de la patate douce, à l’écoulement des eaux, l’érosion etc.
Le regard tourné vers les autorités compétentes semble ne pas trouver de réponse favorable et ce, depuis plusieurs années. En effet, le barrage de Goundi existe depuis plus d’une soixantaine d’années et ce phénomène d’ensablement ne fait que s’empirer d’année en année. Même si les services techniques déconcentrés et communaux sont passés promettre des études technique, hommes, femmes, jeunes et vieux de Goundi sont désormais décidés à prendre leur destin en mains. Ainsi donc, chaque quartier du village (11 au total), se met au travail selon un ordre précis de passage pour l’opération « curage du barrage de Goundi ».
Les vieux assistent les jeunes qui creusent, les femmes ramassent et les conducteurs de tricycles transportent le sable hors du barrage. Le tout, dans une ambiance bon enfant. « Nous sommes engagés même si cela va durer une dizaine d’années », martèle Yves Bazié.
Edwige Tanguira fait partie des « braves » femmes qui accompagnent leurs époux dans ces travaux. Pour elle qui estime que cet ensablement du barrage menace la survie de leurs familles, aucun effort n’est de trop pour sauver ce qui peut encore l’être. « Nous avons des difficultés pour les travaux ménagers. Il est extrêmement difficile de se procurer de l’eau qui est pourtant source de vie. Il faut se réveiller aux environs de 3h du matin pour espérer avoir de l’eau à la fontaine mais ce n’est pas évident souvent », témoigne dame Tanguira.
Des témoignages reçus, il ressort que depuis qu’un missionnaire catholique a fait faire le curage de ce barrage il y a une vingtaine d’années, plus rien. D’où l’indignation des populations qui appellent autorités et personnes de bonnes volonté à leur venir en aide.