Le Centre d’Etudes et de Recherche Appliquée en Finances Publiques (CERA/FP) avec l’appui financier de l’UNICEF/Burkina, accompagne depuis 2019, 20 communes en matière de promotion de la bonne gouvernance budgétaire dans le cadre d’un projet de « Renforcement de la Veille Citoyenne et de la Redevabilité Sociale dans 20 communes du Burkina Faso ». Pour l’atteinte de ses objectif, plusieurs activités ont été menées dans les 20 communes d’intervention du projet au profit des acteurs de l’administration communale et de la société civile.Pour partager les résultats d’étape de la mise en œuvre dudit projet, le CERA-FP, a organisé un atelier dit de partage des résultats et expériences du projet au profit de plusieurs acteurs (bénéficiaires directs et indirects du projet) le vendredi 29 janvier 2021 à Ouagadougou.
Depuis 17 mois, le CERA-FP contribue au renforcement de la veille citoyenne dans la gestion des affaires locales dans 20 communes du Burkina. L’objectif principal de ce projet étant de contribuer au renforcement de la veille citoyenne individuelle et /ou collective à l’effet d’améliorer le rendement qualitatif et quantitatif des services sociaux de base via des dépenses publiques participatives, inclusives et équitables, « sa mise en œuvre a permis d’engranger d’importants acquis », selon Ousseni Kagambega, trésorier général du CERA-FP.
La veille citoyenne encore appelée « contrôle citoyen » ou « suivi citoyen » de l’action publique, est un droit constitutionnel des citoyens. Il s’entend comme un regard du citoyen sur la gestion de la chose publique. C’est donc un exercice complémentaire et parallèle à celui des corps de contrôle habilités. Il est non seulement une vision alternative d’identification des priorités, de planification des besoins et d’affectation des ressources mais aussi de conduite des politiques de développement sous l’optique de l’impact et de l’équité des réalisations publiques. De la présentation faite par Sandrine Karambiri, chargée de projet au CERA-FP, l’on retient que les résultats obtenus peuvent être améliorés mais constituent déjà un bilan satisfaisant et un grand pas vers la gestion transparente et efficace des ressources publiques des communes. « Des difficultés certes ont émaillé la mise en œuvre du projet mais un parcours intéressant a été fait et on peut en être satisfait. En effet, les fonds alloués aux secteurs sociaux de base font désormais l’objet d’une attention particulière par les membres des comités représentant chacun les yeux et les oreilles de la population », se réjouit-elle.
Un taux de réalisation de 95% avec plus de 3000 personnes touchées directement
Après 17 mois de mise en œuvre, au total 19activités sur 22 ont pu être exécutées, soit et un taux de réalisation de 95%.Ce sont principalement des actions de : mise en place de mécanismes de participation citoyenne à l’action publique appelés Comités Communaux de Veille Citoyenne (CCVC) dans les zones d’intervention ; Réalisation d’une étude de référence et de partage de résultat avec les différents acteurs ; Communication pour le développement à travers la sensibilisation et l’information des populations sur les bonnes pratiques nutritionnelles (émissions radios, théâtre forum) ; Renforcement de capacités des acteurs à la base afin de développer une expertise locale en matière de suivi de l’action publique ; Suivi des activités, des simplifications et traduction de budget ; Renforcement des capacités et de production d’analyse citoyenne sur le budget des communes ; Participation citoyenne à travers des ateliers de plaidoyer et des débats d’orientation budgétaire(DOB). Le nombre de personnes touchées directement à travers ces activités est estimé à plus de 3000 personnes. Elles proviennent du monde associatif, syndical et des représentants élus au niveau local, des populations etc.
Débuté le 1er août 2019, ce sont 20 communes de 4 régions du Burkina qui ont bénéficié de ce projet. Il s’agit des communes de Béré, Guiba (Centre-Sud) ; Andemtenga, Baskouré, Gounghin, Dialgaye, Tensobtenga, Yargo, Bagré, Koupela (Centre-Est) ; Boni, Houndé, Koumbia (Hauts-Bassins) et Dano, Diébougou, Dissinh, Tiankoura, Dolo, Gaoua (Sud-Ouest).
Des acquis certes mais des contraintes et leçons à ne pas négligées
Si après 17 mois d’exécution il y a des motifs de satisfaction, il n’en demeure pas moins que des contraintes ont entravé la bonne exécution de ce projet. Il s’agit notamment de l’indisponibilité de certains maires, la difficile collaboration entre certaines autorités et les CCVC, la barrière de langue (l’analphabétisme de plusieurs membres des CCVC et des populations), la réticence de certaines autorités à mettre à disposition les documents budgétaires sous des formats exploitables, les pesanteurs socio-culturelles qui pèsent sur les questions de malnutrition rendant encore difficile leurs prises en charge, la méconnaissance de leur rôle par la plupart des élus locaux, les remous sociaux qui ont rendu difficile l’accès à certaines données sur la santé/nutrition, l’apparition de la maladie à Coronavirus, qui a été un frein à la mise en œuvre de certaines activités terrains durant 3 mois pour cause des mesures gouvernementales instaurées, les élections couplées du 22 novembre 2020, qui ont entrainé le report d’activités concernant les autorités communales pour cause d’indisponibilité.
Des leçons à tirer, le CERA-FP fait remarquer qu’il a été donné de constater que les CCVC répondent à un besoin réel. « Ils comblent un vide lié au dysfonctionnement de nombreux cadres de concertation au niveau communal.» Toutefois, le niveau d’instruction des membres des CCVC doit être pris en compte par souci de viabilité du comité et d’atteinte des résultats escomptés par le projet.De même, la mobilité de certains membres des CCVC du fait de leur fonction, doit être pris en compte pour préserver les acquis du projet. Le cadre institutionnel communal est un point d’appui indispensable à des innovations comme celles implémentées par le projet en termes de bonne gouvernance locale ou de l’implication citoyenne à l’action publique. D’où l’importance de leur adhésion totale aux initiatives du projet en a mont. La communication est un processus inséparable des processus sociaux et politiques indispensables au développement. Toutefois, pour qu’elle induise les changements souhaités, les messages doivent être adaptés sous des formats accessibles aux cibles et bénéficiaires.Les contenus des messages doivent tenir compte également des us et coutumes des peuples de la localité et livrés dans un langage qui leur est accessible.
Défis majeurs et perspectives
Plusieurs défis majeurs se présentent donc au CERA-FP pour la suite de ce projet. Il s’agit de la prise en compte de toutes les sensibilités existantes et dans toutes les localités des zones d’intervention (pour que tous se sentent concernés) ;S’assurer de la disponibilité des potentiels membres pour participer tout au long du processus aux activités de mise en œuvre du projet ; S’assurer de la capacité des membres à défendre la cause, de rendre compte et à assurer une responsabilité sociale ; S’assurer que les OSC sont de l’environnement immédiat de la zone d’intervention ou y ont des intérêts ; la réplicabilité des bonnes pratiques et des connaissances acquises à l’effet d’influer positivement sur les actions des décideurs pour l’intérêt général car c’est à cela que tient l’efficacité et la viabilité des comités ; l’appropriation du principe de participation citoyenne par les parties prenantes ; la vulgarisation des informations sanitaires/nutritionnelles et budgétaires surtout dans un langage adapté à toutes les communautés.
En termes de perspectives, le CERA-FP entend renouveller et redynamiser les CCVC ; la « certification citoyenne » à travers des « jurys citoyens » dans le cadre du contrôle citoyen de l’action publique au niveau local ; l’adaptation des informations budgétaires en des formats plus accessibles au citoyen ; l’utilisation des solutions socio-numériques pour amplifier la vulgarisation de l’information budgétaire à travers les sites web, facebook, whatsApp, Youtube, radios et télévision;Intensifier la production des émissionsradiophoniques interactives sur les budgets et bilans financiers des communes et financer des feuilles de route des comités de veille.