Une délégation de l’Union des transporteurs, opérateurs économiques et chauffeurs du Burkina Faso au Togo (UTOECBFT) séjourne à Ouagadougou depuis le 26 février 2021. Les premiers responsables de l’UTOECBFT entendent prendre langue avec leurs pairs et les autorités du pays, afin non seulement de faire connaitre leur structure qui existe officiellement depuis 2018 mais également pour trouver une solution définitive à la crise qui secoue le secteur du transport et du fret.
A l’origine de la crise interminable qui secoue le secteur, se trouve la guerre féroce que se livrent les magnats du transport autour de la gestion du fret. A ce sujet, Hamidou Ouédraogo, vice-président de l’UTOECBFT estime que le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) ne joue pas franc-jeu : « Le décret co-signé par les ministères du Transport et du Commerce, stipule clairement que la gestion du fret revient désormais au CBC. Mais nous ne comprenons pas pourquoi le CBC demande aux transporteurs de marchandises, de prendre leurs bons de commande et visas auprès de l’Organisation des transporteurs routiers du Faso. » En tant qu’association reconnue légalement et ayant les mêmes prérogatives, l’UTOECBFT estime que c’est de l’injustice.
« Mais avant tout, ces différentes entités ne sont pas des ennemis mais des partenaires sociaux », insiste Alassane Guira, président de l’UTOECBFT. Pour lui, il est plus qu’impérieux de trouver une solution à cette situation qui divise les acteurs au détriment de l’intérêt national et le gouvernement a intérêt à les accompagner dans ce sens. « En réalité, il n’y a pas de problème entre nous. Ce sont juste des incompréhensions mais avec cette visite, nous espérons des oreilles attentives des autorités burkinabè afin que nous puissions travailler à faire avancer notre pays », confie M. Guira. Le président de l’UTOECBFT insiste d’ailleurs sur le fait que les marchandises en transit par le Togo, appartiennent à des Burkinabè d’où la nécessité de les considérer comme des fils et filles qui contribuent au développement économique de leur pays, le Faso.
La guéguerre entre les magnats du transport autour de la gestion du fret depuis 2018 mérite que le gouvernement prenne le taureau par les cornes. En outre, les associations devraient également intégrer dans leur logiciel que l’adhésion à une association est libre. Personne donc n’a le droit d’obliger un tiers à être membre d’une association. L’Etat doit veiller à ce que ce principe soit respecté. Autrement, l’on court le risque de dévoyer le mouvement associatif.
Au-delà des désagréments que subissent les individus, c’est toute l’économie du pays qui prend un grand coup à chaque fois que le secteur traverse une crise. En effet, selon Hamado Bara, secrétaire général à la communication de l’UTOECBFT, tous les taxes sont perçues par le trésor public du Burkina. Il s’agit notamment du dédouanement des camions en territoire burkinabè, les cartes de transport, les assurances, les chauffeurs et autre personnel (tous des Burkinabè).
Après trois ans d’existence, l’UTOECBFT estime que les autorités burkinabè devraient la considérer comme un acteur majeur de l’économie du pays. D’où la présence de ses premiers responsables qui après avoir rencontré le ministre du Transport, compte prendre langue avec son homologue du Commerce, celui de l’intégration et des Burkinabè de l’extérieur, le Directeur général du CBC, la Faîtière unique des transporteurs routiers du Burkina (FUTRB) et les autres associations exerçantes dans le secteur au Burkina.
En rappel, le gouvernement, par arrêté datant du 21 octobre 2020, avait confié la gestion et le contrôle du fret en provenance et à destination du pays, au CBC. Mais certains acteurs trouvent qu’il y a une complicité entre le CBC et la faîtière dirigée par Issouf Maïga, si bien que le fret est géré selon la tête du client.
En attendant de mettre de l’ordre dans cette kyrielle d’organisations, le gouvernement doit siffler la fin de la récréation dans le secteur pour le bonheur des Burkinabè.