La nouvelle est tombée comme un coup de massu le lundi 19 avril 2021. Alors que les résultats provisoires lui donnaient largement gagnant dès le premier tour (79% des voix) à l’élection présidentielle pour laquelle il participait pour un sixième mandat, le Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno a été annoncé mort au front. Au-delà du Tchad, c’est toute une région qui a été affectée par cette disparition tragique, notamment celle du Sahel pour laquelle, le Maréchal s’était personnellement engagé dans la lutte contre le terrorisme.
Cette disparition oblige à se poser une multitude de questions tant l’homme a joué un important dans la lutte contre le terrorisme ces dernières années dans la région du Sahel. L’on ne peut s’empêcher de se demander comment va être comblé le vide laissé par cet homme aux multiples facettes : guerrier intrépide, homme politique habile, panafricaniste, grand stratège et leader incontesté dans la guerre contre le terrorisme au Sahel…
Au regard du contexte de guerre au Sahel et dans lequel il a joué un rôle de premier plan par son leadership en servant souvent de rempart aux autres nations contre les différents groupes armés terroristes, quel va être désormais la nouvelle redistribution des rôles entre acteurs (étatiques, partenaires de la communauté internationale, groupes armés terroristes, communautés locales, etc.) ? Vu le jeu trouble de ses dauphins qui ont maillent à partir avec une partie de la population tchadienne, cette disparition brutale aura à n’en point douter un impact considérable sur la redistribution des cartes.
Ses dauphins voudront-ils jouer le jeu ? Et même si c’était le cas, auront-ils les coudés franches ? Seront-ils à la hauteur de la tâche ? Déjà un premier signal lancé donne lieu à beaucoup de suppositions.
En effet, avant même la tenue des funérailles du Maréchal, les 1200 militaires du contingent Tchadien envoyés sur les trois frontières du Sahel (Mali/Niger/Burkina Faso) ont entamé leur retrait pour rentrer au bercail. Cet acte intervenu au lendemain du décès de Déby peut avoir plusieurs effets : déstabiliser et affaiblir les troupes amies appuyées, emer la peur et le manque d’assurance chez les communautés défendues contre les terroristes, laisser suffisamment d’espace aux terroristes pour mener leurs attaques en occupant le terrain laissé vide et semer encore plus de terreur au niveau des communautés.
Les risques immédiats sont énormes. Sans compter la multiplication probable des attaques, il est à craindre aussi la percée des terroristes vers les pays côtiers pour se frayer des accès à la mer. Les récentes incursions au Benin à travers le parc du W et au Nord Cote d’Ivoire à travers les frontières du Burkina et du Mali attestent bien de leurs stratégies et volonté des implanter dans les pays du Golfe de Guinée.