Les élections couplées du 22 novembre 2020 ont montré à souhait la face cachée des politiciens. En avale comme en amont, le jeu de dédoublement politique a atteint son paroxysme et les observateurs avertis s’en sont bien régalés. Le 18 août 2020, 9 candidats de l’opposition politique burkinabè au scrutin présidentiel et législatif et 22 partis politiques signaient à Ouagadougou, un accord dit : « Accord politique de l’opposition burkinabè pour les législatives et la présidentielle du 22 novembre 2020 ». Les mêmes candidats et d’autres acteurs des élections couplées ont également signé un accord de bonne conduite le 29 septembre 2020.
Accord politique au nom duquel, les partis signataires se sont pressés de faire une déclaration commune au lendemain du scrutin. Déclaration dans laquelle, ils prenaient à témoin l’opinion publique nationale et internationale sur les nombreux dysfonctionnements, les violations du code électoral, notamment la non observation de la compilation manuelle, les fraudes massives, les modifications illégales du nombre et de la cartographie électorale, les achats de conscience etc. Toutes choses qui selon les 9 partis politiques, ont altéré la sincérité du résultat du scrutin. Ils n’iront pas du dos de la cuillère pour fustiger le comportement du parti au pouvoir et dise se réserver le droit d’utiliser les voies légales de recours pour traiter des irrégularités relevées au cours du déroulement du processus électoral et tout particulièrement au cours du scrutin du 22 novembre 2020.
Au nom de la paix…
Contre toute attente, plusieurs opposants et candidats malheureux à cette même présidentielle du 22 novembre se bousculent aux portes de leur adversaire Roch Marc Christian Kaboré, déclaré provisoirement vainqueur par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour disent-ils, le féliciter. Le premier à ouvrir le bal, le candidat Gilbert Noël Ouédraogo de l’ADF/RDA. (Faut-il rappeler que c’est ce même parti qui avait soutenu la révision de l’article 37 de la Constitution en 2014 et qui a précipité l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, alors qu’il était le maitre du jeu). S’en suivront d’autres candidats perdants et non des moindres. On peut citer entre autres, Tahirou Barry du MCR, Monique Yeli Kam du MRB, ou encore Ablassé Ouédraogo du Faso autrement. Et pour boucler la boucle, le Chef de file de l’opposition politique, Zéphirin Diabré, président de l’UPC.
Mais face aux hommes et femmes des médias le vendredi 27 novembre, Kadré Désiré Ouédraogo affirme : « J’assume l’entière responsabilité des insuffisances de la campagne qui n’a pas su ou pu expliquer suffisamment et convaincre plus les Burkinabè à adhérer à notre vision .»Crédité de 95.977 voix, soit 3,36% du suffrage exprimé, Kadré Désiré Ouédraogo, candidat du mouvement Agir ensemble, vient en 4è position à l’issue de cette présidentielle du 22 novembre. KDO comme l’appelle ses militants ajoute qu’il est disponible à servir l’Etat actuel si besoin il y a mais sans toutefois permettre aux journalistes de lui poser des questions y relatif.
Ce 30 novembre, c’est la Direction nationale de campagne du Congrès pour la démocratie et le progrès à travers une sortie médiatique, qui vient montrer à souhait, que la maison « opposition » se porte mal. En effet le CDP dit abandonner la poursuite du recours auprès du Conseil constitutionnel, pour contester les résultats provisoires de la présidentielle proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Cette décision se justifie par « l’absence de l’unanimité des candidats signataires de l’accord politique », a laissé entendre Mohamed Topan Sané, DNC du parti. Avec 442.742 voix, soit 15,48%, le CDP est désormais le Chef de file de l’opposition politique au Burkina. Mieux, le parti obtient 20 députés à l’Assemblée nationale pour la prochaine mandature. Le jeu en valait donc la chandelle et le bal des masqués se poursuit. Juda n’est pas le seul à trahir Jésus !