Le ministre d’État Émile Zerbo, en compagnie du ministre de la Communication, Gilbert Ouédraogo, a animé ce jeudi 3 juillet 2025 à Ouagadougou une conférence de presse consacrée au changement des toponymes des régions du Burkina Faso. Le gouvernement a ainsi dévoilé les motivations et les significations des nouveaux noms donnés aux 17 régions administratives.
Selon le ministre Zerbo, ce redécoupage vise deux objectifs majeurs : renforcer la présence de l’État dans les zones sensibles, notamment frontalières, et mieux structurer le territoire national pour une administration plus efficace et une réponse plus adaptée aux besoins des populations.
Ce changement, inscrit dans une démarche de réappropriation culturelle, s’inscrit également dans la vision de reconquête de la souveraineté territoriale et identitaire. Il s’agit, selon le gouvernement, de construire un Burkina Faso enraciné dans ses valeurs, mais résolument tourné vers la sécurité et le développement.
Le ministre d’État Émile Zerbo a également précisé les significations culturelles et historiques des nouvelles appellations de certaines régions, ancrées dans les langues et traditions locales :
– Bankui (Dédougou) : formé de « Ban » signifiant forêt, et « Kui » qui veut dire village ; une référence à la richesse forestière de la zone.
– Djôrô (Gaoua) : ce nom fait allusion aux rites d’initiation très présents dans la culture Lobi, majoritaire dans la région.
– Goulmou (Fada N’Gourma): désignation ethnolinguistique et culturelle associée au royaume Gourmantché, dont Fada est le centre historique.
– Guiriko (Bobo-Dioulasso) : renvoie à l’ancien royaume de Guiriko, fondé au 18e siècle, dont Sya (actuel Bobo) était la capitale et un important carrefour commercial.
– Kadiogo (Ouagadougou) : « Kadio » est le nom d’un cours d’eau utilisé traditionnellement par le Moogho Naaba, autorité coutumière des Mossé.
– Kuilsé (Kaya) : signifie cours d’eau en mooré, en référence aux nombreux plans d’eau de la région tels que le lac Bam, le Nakambé, ou encore le lac Dem.
– Liptako (Dori) : issu du fulfuldé, « Lipta » signifie terrasser, et « Tako », on ne peut pas. Ainsi, Liptako signifie « Impossible à terrasser », reflétant la résilience historique des populations de cette zone.
– Nakambé (Tenkodogo) : nom emprunté à l’un des principaux cours d’eau du pays, anciennement appelé Volta Blanche, qui traverse cette région.
– Nando (Koudougou) : ancienne appellation de Koudougou en langue gurunsi, réhabilitée pour marquer l’identité culturelle locale.
– Nazinon (Manga) : tire son nom du fleuve connu sous le nom de Volta Rouge, qui traverse la région.
– Oubri (Ziniaré) : fait référence à Oubri, l’un des petits-fils de Ouédraogo et fondateur du royaume Wobgo, un des royaumes mossi.
– Sirba (Bogandé) : hydronyme d’un cours d’eau qui prend sa source dans le Ganzourgou et traverse les deux provinces de la région.
– Soum (Djibo) : du nom d’une mare emblématique de la région, symbolisant son écosystème unique de dunes et de zones humides.
– Tannounyan (Banfora) : signifie collines ou *falaises en langues turka et gouin. Ce nom fait référence au relief exceptionnel de la région : dômes de Fabédougou, pics de Sindou, mont Ténakourou, piton de Bérégadougou.
– Tapoa (Diapaga) : tiré du principal cours d’eau traversant la région, ce nom met en valeur son caractère naturel et hydrologique.
– Sourou (Tougan): nom d’un défluent du fleuve Mouhoun, qui arrose de vastes plaines à fort potentiel agro-sylvo-pastoral et faunique.
– Yaadga (Ouahigouya) : fait référence à Yaadga, petit-fils de Naba Oubri et fondateur du royaume du Yatenga, l’un des plus puissants royaumes mossi.