Le mouvement Femina BF, en collaboration avec le centre ODAS, a organisé un atelier de deux jours axé sur la santé sexuelle, les droits reproductifs et l’autonomie corporelle Ce cadre d’échange, placé sous le thème « Renforcer la prise de décision chez les jeunes et les adolescentes », visait à sensibiliser, informer et à former les participants sur les questions liées à la santé sexuelle et reproductive et sur leur droits fondamentaux.

Pendant 48 heures, les participants ont pris part à des panels sur la santé sexuelle, l’autonomie corporelle, les droits en santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’à des travaux de groupe favorisant des échanges collectifs entre jeunes et professionnels.
Selon Nayte Fatoumata, coordinatrice du mouvement Femina BF, l’objectif de l’atelier est de doter les jeunes filles et garçons de compétences essentielles en matière de santé sexuelle et reproductive :
« Nous avons constaté que les adolescentes et les jeunes, âgés de 11 à 26 ans, manquent d’informations. Beaucoup s’adonnent à des pratiques sexuelles sans en comprendre les implications. L’idée, c’est de leur donner des outils pour mieux gérer leur sexualité et leur faire connaître les lois qui les protègent », a-t-elle expliqué.
Le premier panel, animé par Dr Sana Aïcha, portait sur les enjeux de la santé sexuelle et reproductive. Elle y a présenté les causes et les conséquences des grossesses précoces, qu’elle considère comme un frein majeur au développement du pays.
« Il y a un réel déficit d’information chez les jeunes. Ce sont pourtant eux l’avenir. Il est urgent de renforcer la sensibilisation et les formations à leur égard », a-t-elle déclaré.
La juriste Yaméogo Zalissa, spécialiste en droits en santé sexuelle et reproductive (DSSR), est intervenue en tant que panéliste pour aborder les instruments juridiques garantissant ces droits.
Elle a rappelé que les DSSR couvrent à la fois des aspects sanitaires et juridiques :
« En matière de DSSR, plusieurs acteurs interviennent : le domaine de la santé, mais aussi celui du droit. Mon intervention a porté sur les droits liés à la sexualité et à la reproduction. Parmi eux, on peut citer le droit de se marier ou non, le droit à la reproduction, le droit de décider du nombre d’enfants, le droit à l’interruption sécurisée de la grossesse selon les conditions prévues par la loi, et surtout le droit à la vie, qui est fondamental », a-t-elle expliqué.
Assana Traoré, magistrate et experte en DSSR, a quant à elle axé sa communication sur l’autonomie corporelle des jeunes filles. Elle a insisté sur le fait que chaque fille a le droit de s’exprimer librement et de prendre des décisions concernant sa propre vie, en particulier sa vie sexuelle.
« Lors du panel, il s’est agi d’échanger avec les jeunes filles et garçons sur leurs droits en santé sexuelle et reproductive, avec un accent particulier sur l’autonomie corporelle et l’interruption sécurisée de la grossesse selon la loi burkinabè. Nous avons discuté des risques liés à une sexualité non responsable, qui peuvent avoir des répercussions sur leur avenir. Le message essentiel, c’est de les sensibiliser à rechercher une information juste, complète et fiable, afin d’adopter une sexualité responsable », a-t-elle souligné.

Cet atelier riche en contenu a réuni une centaine de jeunes autour d’un thème qui les concerne directement. Les participants ont salué la pertinence des échanges, estimant que cette tribune aura un impact positif dans leur vie. C’est le cas de Serge Rosine Dabiré :
« Il y a beaucoup de choses que j’ignorais. Avant, j’accusais certains agents de santé pour des situations que j’ai vécues. Mais avec cet atelier, je me suis remise en question. J’ai beaucoup apprécié les communications, l’ambiance familiale, et je peux dire que mes attentes ont été vraiment comblées. »
Oubaïdatou, de son côté, compte mettre en pratique ses nouvelles connaissances pour sensibiliser son entourage :
« J’ai appris énormément sur l’hygiène corporelle et menstruelle, mon autonomie, et mes droits. Grâce à cela, je pourrai sensibiliser mes petites sœurs, mes grandes sœurs, mais aussi des mamans qui ignorent encore l’existence de ces droits. »

Les travaux de groupe et les échanges interactifs ont abouti, à la fin des 48 heures, à l’élaboration de recommandations destinées à produire un document de plaidoyer en faveur d’une meilleure prise en compte des questions de santé sexuelle et reproductive des jeunes par les autorités.
Le mouvement Femina BF, initiateur de l’atelier, est une structure composée de jeunes filles engagées pour leur communauté. Il œuvre pour la promotion et la défense des droits des filles dans tous les domaines au Burkina Faso. Sa vision : promouvoir, développer et soutenir la santé sexuelle et reproductive, l’autonomie corporelle, la santé de la femme, l’hygiène, l’éducation, les droits des filles, et lutter contre les violences basées sur le genre.