Le Syndicat national des assurances, des banques et des établissements financiers (Synabef) a lancé, ce lundi 10 mars, une mobilisation d’envergure pour protester contre l’incarcération de deux cadres bancaires, placés sous mandat de dépôt dans le cadre d’une enquête pour malversations financières. Cette action syndicale pourrait avoir un impact significatif sur les finances publiques du Mali.
Affilié à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), le Synabef a décidé de suspendre les transferts de garantie en faveur d’Énergie du Mali (EDM) ainsi que ceux destinés aux institutions publiques et parapubliques. Par ailleurs, des sit-in devant les banques sont organisés jusqu’au mercredi 12 mars pour exprimer leur désaccord avec cette décision judiciaire.
Cette mobilisation fait suite à l’arrestation, le 7 mars dernier, de six personnes, dont deux cadres d’Ecobank Mali, soupçonnées d’être impliquées dans des détournements de fonds publics liés à un contrat signé en 2021 entre EDM et l’entreprise indienne Mecamidi HPP pour la construction d’une centrale thermique à Djenné. Les autorités judiciaires maliennes reprochent à Alassane Touré et Birom Diop, cadres d’Ecobank, d’avoir émis des messages Swift facilitant des transactions entre EDM, Mecamidi et Acumen, une banque partenaire de l’entreprise indienne. Ils sont poursuivis pour complicité de faux et usage de faux, ainsi que pour complicité d’atteinte aux deniers publics.
Toutefois, le Synabef rejette ces accusations, affirmant que les banquiers concernés n’ont fait que respecter les procédures bancaires en vigueur. Le syndicat exige leur libération immédiate et menace d’intensifier son mouvement en bloquant progressivement toutes les opérations bancaires impliquant l’État et ses différentes entités, qu’elles soient administratives, industrielles ou commerciales.
« Nous allons renforcer notre action en fonction de l’évolution des négociations en cours », a déclaré un responsable du Synabef, soulignant que si aucun accord n’est trouvé, cette mobilisation pourrait paralyser le fonctionnement des finances publiques. Cette situation rappelle un précédent : en juin dernier, après une grève d’ampleur, le Synabef avait obtenu la libération de son secrétaire général, obligeant les autorités à céder à ses revendications.
À ce stade, ni le ministère malien de l’Économie, ni Ecobank, ni Mecamidi HPP n’ont officiellement réagi à cette crise qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’économie du pays.
Sonia Nikiéma