En l’espace de quelques années, les Rencontres Musicales Africaines (REMA) se sont imposées comme un événement phare de l’industrie musicale sur le continent. Créé en 2018 par l’artiste musicien Alif Naaba, ce festival se positionne aujourd’hui comme un levier stratégique pour le développement de la musique en Afrique. La 7ᵉ édition, qui se tiendra du 17 au 19 octobre 2024 à Ouagadougou, et du 25 au 26 octobre à Bobo-Dioulasso, est porteuse d’ambitions renouvelées, dans un contexte avec lequel la musique devient une économie à part entière pour les artistes africains.
Un label de qualité pour l’Industrie Musicale
Les REMA se distinguent non seulement par leur dimension artistique, mais aussi par leur engagement à respecter les normes internationales, notamment en matière de droits d’auteur. Cette rigueur leur a valu d’être le premier festival en Afrique francophone noire à obtenir la prestigieuse certification « Corporate Friend Label », délivrée par la Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs (CISA) en collaboration avec le Bureau Burkinabè des Droits d’Auteur (BBDA). Cette reconnaissance place les REMA à la pointe du combat pour les droits des créateurs, faisant de l’événement un modèle pour l’ensemble du continent.
Alif Naaba, directeur des REMA, rappelle que ce label n’est pas qu’un simple titre honorifique. Il s’agit de garantir aux artistes une rémunération juste pour leurs prestations et de respecter leurs droits. « Les droits d’auteur sont aujourd’hui la clé de la survie des artistes », souligne-t-il. Ce respect scrupuleux des droits des artistes confère aux REMA une aura qui va bien au-delà des frontières du Burkina Faso.
Une Plateforme d’Échanges et de Réflexions
Plus qu’un simple festival, les REMA se veulent un espace de réflexion autour des défis et opportunités de l’industrie musicale en Afrique. Chaque édition est marquée par des conférences, des panels, des ateliers de formation et des moments de networking entre professionnels du secteur. Ces rencontres permettent de structurer davantage l’écosystème musical africain, encore trop souvent informel. « Nous voulons offrir aux acteurs de la musique les outils nécessaires pour se structurer », explique Alif Naaba.
L’édition 2024 sera marquée par des formations spécifiques sur la gestion de projets musicaux, la composition et le beatmaking. Ce souci de transmission des savoirs vise à doter les jeunes talents d’une véritable expertise, leur permettant ainsi de s’inscrire durablement dans une industrie en pleine mutation.
Un Événement de résilience et d’unité
Dans un contexte sécuritaire et socio-politique complexe, les REMA se veulent aussi un message de résilience. Choisir le Monument des Héros Nationaux comme cadre principal de l’événement à Ouagadougou n’est pas anodin. Ce lieu symbolique, hommage aux figures emblématiques de l’histoire du Burkina, devient le théâtre d’une célébration de la musique, mais aussi de l’unité nationale. « Le Burkina a besoin de ses fils pour se relever », affirme Alif Naaba, pour qui ce choix est aussi un acte de reconnaissance envers ceux qui ont façonné l’histoire du pays.
Une Ouverture vers Bobo-Dioulasso
Nouveauté de cette 7ᵉ édition, les REMA s’étendront cette année à Bobo-Dioulasso, ville créative et vivier de talents musicaux. Conscient du potentiel de cette cité culturelle, Alif Naaba et son équipe ont décidé de proposer une version des REMA spécialement dédiée aux acteurs de la musique bobolaise, avec des formations et des concerts. Cette initiative marque un tournant dans la volonté des REMA d’essaimer dans d’autres régions du pays, permettant ainsi à un plus grand nombre d’artistes d’accéder aux ressources et aux opportunités offertes par cet événement.
Une scène africaine rayonnante
Les REMA, c’est aussi l’occasion de célébrer la diversité des talents africains. Le concert REMA Play, moment fort du festival, accueillera des artistes de renom tels que DIDI B, Innoss’b, Dez Altino, Imilo Le Chanceux, ainsi que des figures emblématiques de la musique traditionnelle burkinabè comme Papa Zoungnazaguemda. Ce choix reflète la volonté des organisateurs de valoriser aussi bien la modernité que la tradition, dans une dynamique de transmission culturelle et de rayonnement international.
Un Impact économique et culturel
L’enjeu des REMA dépasse largement le simple divertissement. Ce festival constitue un levier pour l’économie locale, en mobilisant des milliers de festivaliers, des entreprises partenaires et des médias internationaux. Pour l’édition 2024, les organisateurs prévoient d’accueillir entre 45 000 et 55 000 participants à Ouagadougou et plus de 20 000 à Bobo-Dioulasso. De plus, les diffusions en direct à la télévision et sur les réseaux sociaux permettront de toucher des millions de personnes, faisant des REMA une vitrine de la résilience et de l’attractivité du Burkina Faso.
Un Festival pérenne et ambitieux
Avec ses sept années d’existence, les REMA démontrent une organisation sans faille, fruit d’un travail de longue haleine. Dès la fin de chaque édition, l’équipe prépare déjà la suivante, veillant à corriger les moindres détails pour offrir une expérience toujours plus riche aux participants. L’engagement des REMA pour la structuration de l’industrie musicale, leur rôle dans la promotion des droits d’auteur et leur capacité à fédérer des acteurs de toute l’Afrique en font un événement incontournable, tant pour les professionnels que pour le grand public.
In fine, les REMA sont bien plus qu’un festival. Ils incarnent la volonté du Burkina Faso de se positionner comme une référence sur la scène musicale africaine, tout en offrant un espace de réflexion, d’échanges et de création pour les talents du continent. Que ce soit à Ouagadougou ou à Bobo-Dioulasso, l’édition 2024 des REMA s’annonce comme un temps fort pour la musique africaine, un souffle de créativité et d’espoir dans un pays en pleine résilience.
Zoérim Désiré SAWADOGO