Le gouvernement ivoirien a pris une décision radicale en annonçant, ce jeudi, la dissolution de toutes les associations syndicales estudiantines sur l’ensemble du territoire. Cette annonce fait suite à une série de crimes qui ont choqué la communauté universitaire.
Dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024, le corps sans vie de Mars Aubin Déagoué, un membre de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), a été découvert près du campus de Cocody, à Abidjan, portant des traces évidentes de violence. À peine deux semaines plus tard, le 14 octobre, une seconde victime, dont l’identité reste encore inconnue, a été retrouvée morte à quelques mètres de l’endroit où le premier corps avait été découvert.
Ces meurtres ont ravivé les controverses autour de la FESCI, un syndicat étudiant qui, depuis sa création en 1990, traîne une réputation sulfureuse. Accusée à maintes reprises d’activités illégales, la FESCI a souvent été associée à des violences sans pour autant être formellement condamnée par la justice. Le syndicat avait déjà été soupçonné, en 1991, d’avoir joué un rôle dans le meurtre de Thierry Zébié, un étudiant tué sur le campus de Cocody.
Pourtant, la création de la FESCI répondait à un besoin pressant de défense des droits des étudiants face à des conditions d’études extrêmement précaires. Eugène Djué, deuxième secrétaire général et membre fondateur de la FESCI, rappelle qu’en 1990, le nombre d’étudiants avait explosé, atteignant 35 000 alors que les infrastructures universitaires n’étaient prévues que pour 6 000. « Nous avons fondé ce mouvement pour défendre les intérêts des étudiants qui se trouvent dans des situations inacceptables », explique-t-il.
Cependant, au fil des années, la FESCI s’est éloignée de ses initiales distinctives, se faisant notamment remarquer pour des pratiques douteuses. Le syndicat aurait mis en place des systèmes de sous-location de chambres dans les cités universitaires, profitant à ses membres et générant des revenus conséquents, une activité qui n’a jamais été formellement condamnée mais qui a terni son image.
Cette décision de dissolution des syndicats estudiantins intervient donc dans un climat tendu, où les voix s’élèvent pour dénoncer les dérives d’un mouvement qui, jadis, se voulait protecteur des étudiants, mais qui aujourd’hui, est davantage associé à la violence. et à des pratiques illégales.