Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a échappé mardi à une tentative de coup d’Etat, Le dernier en date d’une série de coups de force en Afrique de l’Ouest. Le bilan fait état de nombreux morts en ce jour.
Embalo, un ancien général de l’armée arrivé en 2020 à la tête de ce petit pays à l’histoire politique jalonnée de tels évènements, s’est présenté le mardi 02 février 2022, dans la soirée indemne et serein devant la presse, après être resté coincé avec ces ministres dans le palais du gouvernement, théâtre pendant plusieurs heures des échanges de tirs nourris.
Le chef de l’Etat et les membres du gouvernement étaient réunis en conseil de ministre extraordinaire et été surpris à l’intérieur du palais, par des hommes en armes aux motivations encore mal connues. Mais selon les témoignages. Il s’agissait de « tuer le président de la République et tout le cabinet »
Dans son intervention, Embalo n’a pas précisément désigné les auteurs de cette tentative de coup d’Etat. Celle-ci « doit certainement venir de ceux qui sont contre les décisions que j’ai prises, notamment dans la lutte contre le trafic de drogue et la corruption », a-t-il dit, parlant d’acte très bien préparé et organisé », mais aussi d’acte « isolé ».
A noté que le président s’est retrouvé « sous des tirs nourris d’armes lourdes pendant cinq heures », aux côtés de son aide de camp, de deux gardes du corps et d’une ministre, tandis que les combats faisaient rage.
La situation est sous contrôle.
Après plusieurs heures de confusion et de rumeurs, le président a été tiré d’affaire. « Tout va bien », témoigne Embalo dans un bref échange téléphonique avec nos confrère l’AFP, à un moment où il se trouvait semble-t-il toujours au palais du gouvernement. Puis ses services ont annoncé son retour au palais présidentiel et lui-même à tweeté : « Je vais bien Alhamdoulillah (Dieu merci). La situation est sous contrôle gouvernemental ».
Embalo a fait état de premières arrestations.
La communauté internationale condamne, mais inquiet
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a condamné « cette tentative de coup d’Etat ». Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a exprimé sa « grande inquiétude ». Les deux organisations ont paru désigner les militaires comme en ayant été les responsables car chargés de la sécurité du président et du gouvernement.
La position prise par l’armée, qui joue un rôle prééminent dans ce pays à l’histoire troublée, donne lieu à toutes les conjectures.
La Guinée-Bissau, une petite nation d’environ deux millions d’habitants frontalière du Sénégal et de la Guinée, est abonnée aux coups de force. Depuis son indépendance en 1974, ex colonie portugaise, elle a connu quatre putschs (le dernier en 2012), une kyrielle de tentatives de coup d’Etat et une valse des gouvernements.
Depuis 2014, elle s’est engagée vers un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservée des turbulences, mais sans violences.
Le pays pâtit d’une corruption endémique. Il passe aussi pour être une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe.
Depuis début 2020, Umaro Sissoco Embalo, un ancien général, est le chef de l’Etat, à la suite d’une présidentielle au résultat toujours contesté par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), une formation dominante depuis l’indépendance.
Emballo, un président contesté
A 49 ans, Embalo avait forcé son destin en février 2020 en mettant l’écharpe de président et en s’installant au palais présidentiel, malgré la persistance de la contestation.
Depuis des mois, il est à couteaux tirés avec le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam et la menace d’un limogeage de ce dernier et d’une dissolution du parlement pèse sur la vie politique.
Les évènements de mardi évoquent immanquablement les putschs en série qui agitent l’Afrique de l’Ouest depuis 2020 : au Mali en août de cette année-là et à nouveau en mai 2021, en Guinée en septembre 2021 et au Burkina Faso en janvier de cette année.
Embalo est à nouveau appelé à prendre part cette semaine à un sommet des dirigeants ouest-africains où doit être évoquée la situation dans ces différents pays. Avant le dénouement, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres disait ne pas connaître les détails de l’affaire. Mais, ajoutait-il, « nous assistons à une multiplication terrible des coups d’Etat ».