Le nom d’Alban Lafont circule depuis des années dans les discussions de football africain. Né à Ouagadougou, formé en France, capitaine du FC Nantes et aujourd’hui prêté au Panathinaïkos, il avait le profil parfait pour devenir l’une des figures de la diaspora burkinabè. Finalement, il a choisi les Éléphants de Côte d’Ivoire. La convocation de ce gardien de 26 ans pour les éliminatoires du Mondial 2026 ne relève donc pas seulement du sport : elle raconte aussi l’intense compétition entre sélections africaines.

Un dilemme identitaire et sportif
Lafont avait trois portes devant lui : rester en attente avec la France (où il avait été appelé sans jouer), répondre aux avances du Burkina Faso, ou rejoindre la Côte d’Ivoire, pays de son père. Son choix illustre les dilemmes vécus par de nombreux binationaux. Entre l’attachement à la terre natale, les racines familiales et l’ambition de briller dans une sélection continentale solide, la balance finit par pencher vers le projet sportif le plus attractif.
La Côte d’Ivoire, championne en titre et vitrine continentale
La CAN 2023 remportée à domicile a redoré l’image des Éléphants. Dans ce contexte, la sélection ivoirienne apparaît comme un tremplin crédible vers la Coupe du monde. Pour Lafont, ce pari signifie intégrer une équipe ambitieuse, médiatisée, et susceptible de lui offrir une exposition internationale supérieure. Sa décision traduit la force d’attraction d’une fédération qui sait séduire les talents de la diaspora.
Le Burkina Faso, un rendez-vous manqué
Pour les Étalons, la perte est symbolique plus que technique. Le poste de gardien est bien tenu par Hervé Koffi, mais c’est la bataille du récit national qui est en jeu. Convaincre un joueur né à Ouaga de défendre le maillot burkinabè aurait renforcé le lien entre diaspora et équipe nationale. La non-concrétisation de ce dossier rappelle aussi les limites structurelles : poids sportif moindre, moyens fédéraux réduits, communication plus timide.
Une leçon pour l’avenir
Le cas Lafont met en lumière trois réalités du football africain moderne :
Les sélections doivent désormais travailler leur attractivité comme de véritables “marques” ;
Les joueurs de la diaspora arbitrent entre cœur et carrière ;
Les fédérations doivent se montrer plus rapides, transparentes et convaincantes dans leurs démarches.
En intégrant les Éléphants, Lafont ferme définitivement la porte à la France et au Burkina. Mais il ouvre un chapitre qui pourrait, s’il s’impose, marquer durablement l’histoire d’une équipe ivoirienne en quête de continuité après son sacre continental.