Lors de la 11e édition de IN-OUT Dance and World Arts Festival à Bobo-Dioulasso, la mise en scène « Tu Dis PDI », réalisée par Aristide Tarnagda, a captivé le public jusque tard dans la nuit le samedi 14 décembre. À travers des récits poignants et des performances émouvantes, cette œuvre a plongé l’audience dans l’univers des personnes déplacées internes, mettant en lumière leurs histoires, leurs douleurs, mais aussi leur résilience. Ce projet exceptionnel a vu le jour grâce au soutien du Ministère en charge de la Culture du Burkina Faso, de l’Ambassade du Canada au Burkina Faso a travers le Fonds de soutien aux initiatives locales (FCILS), et du Ministère des Affaires étrangères allemand.
Une aventure humaine et artistique : « Tu Dis PDI » au cœur de l’exil et de la résilience.
La pièce retrace le parcours de familles contraintes de fuir leurs terres face à la menace terroriste. Ces personnages, bien qu’accablés par les pertes, montrent une résilience remarquable. Leur combat quotidien, qu’il s’agisse de reconstruire leur vie ou de protéger leur famille, inspire une profonde admiration.
La solidarité : une arme fatale contre le terrorisme
Au cœur de l’histoire, la solidarité se présente comme un fil conducteur puissant. Les personnages unissent leurs forces pour surmonter les épreuves, montrant que même dans l’adversité, le soutien mutuel reste une arme essentielle face à l’horreur.
Émotion et tristesse…
Les émotions sont omniprésentes dans cette pièce. Une scène particulièrement marquante illustre la douleur d’une femme, abandonnée après l’enlèvement de son frère, Ousmane, par des groupes armés. Ce moment poignant, où elle se retrouve seule avec ses enfants, met en lumière la souffrance des familles déchirées par les violences.
La résidence artistique comme refuge
Malgré la douleur, les personnages incarnent un message d’espoir. Certains se réinventent, apprenant de nouveaux métiers ou adoptant de nouvelles façons de vivre pour assurer leur survie et celle de leurs proches. Cette capacité à se reconstruire est une leçon universelle sur la force de l’esprit humain face à l’adversité.
Pour Aristide Tarnagda, metteur en scène de la pièce « Tu Dis PDI », cette œuvre est bien plus qu’une simple création artistique. C’est un acte de renaissance, une tentative de réparer les blessures profondes infligées par la violence aux femmes, hommes et enfants déplacés internes au Burkina Faso. Ces drames, qui plongent tout un pays dans un précipice, appellent à une réponse collective.
« Nous avons alors eu le devoir, en tant qu’institutions et créateurs, de mettre nos outils et nos armes au service de leur renaissance. Leur rechante, leur désir de continuer cette aventure humaine, voilà ce que nous avons voulu accompagner », explique-t-il.
Une offrande de subjectivité
Le metteur en scène décrit « Tu Dis PDI » comme une « offrande de subjectivité ». À travers un scénario dense et captivant, chaque spectateur est invité à se plonger pleinement dans l’histoire.
« Il faut être concentré, car perdre une seconde signifie parfois se perdre dans l’ensemble de l’histoire. Mais c’est aussi une invitation à la libre interprétation. Chacun peut se balader dans l’œuvre et se l’approprier à sa manière », affirme Aristide Tarnagda.
Cette approche rend la pièce unique, laissant place à des réflexions personnelles sur les récits poignants portés par les 59 personnes qui y participent. Ces acteurs ne sont pas que des interprètes ; ils racontent leurs propres histoires.
Rire et lumière au milieu des ténèbres
L’auteur a travaillé avec ces participants pour leur permettre de dépasser leur douleur et de se reconnecter aux moments de joie, de tendresse et de solidarité qui font aussi partie de la vie. « La vie, c’est du soleil, de la lumière, mais aussi des hauts et des bas. Et quand vient le moment de la tragédie, il faut faire le deuil », souligne Aristide.
La pièce explore une question fondamentale : Comment faire ce deuil ? Peut-on y parvenir seul, ou faut-il le faire ensemble ? C’est tout l’esprit de cette création qui oscille entre introspection individuelle et solidarité collective.
Une responsabilité collective
Pour Aristide Tarnagda, l’artiste se doit de jouer un rôle dans la société. Face à la crise sécuritaire et humanitaire qui frappe le Burkina Faso, il confie : « Je me sens préoccupé. Ce qui arrive est une responsabilité collective, et quelque part, l’artiste que je suis a failli. »
Malgré ce sentiment de responsabilité, Aristide ne baisse pas les bras. « Tu Dis PDI » est sa contribution à la lutte pour la résilience et la renaissance des déplacés internes, mais aussi un appel à l’action pour toute la société.
Un miroir de la crise sécuritaire au Burkina Faso
Alors que le pays est confronté à une crise sécuritaire sans précédent, cette œuvre est un cri du cœur pour rappeler l’urgence de l’entraide et de la solidarité. Les histoires des déplacés internes, magnifiquement misent en lumière dans « Tu Dis PDI », rappellent que derrière chaque chiffre se cache une vie, un sourire, une histoire.
En rendant hommage à ces voix, Aristide Tarnagda et son équipe offrent une création qui transcende l’art pour devenir un véritable acte de résistance, de mémoire et d’espoir.