Dans le but de renforcer le dialogue entre créateurs et journalistes culturels, une rencontre s’est tenue ce lundi 20 octobre à l’Everest Institut Ouaga réunissant la presse nationale et les acteurs culturels autour de l’artiste Issouf Manem Yam, de son vrai nom Issouf Ouédraogo venu partager son parcours, ses inspirations et ses œuvres.
Issouf Manem Yam est un artiste bercé dès l’enfance par les rythmes traditionnels et les chants populaires. Pour lui, la musique est bien plus qu’un simple art : c’est un moyen d’expression profond, un pont entre les générations et un levier de rassemblement social.
« Lors de notre rencontre avec les journalistes, plusieurs ont exprimé leur appréciation et m’ont encouragé à continuer de fournir des efforts. Ils m’ont aussi donné des conseils précieux sur les démarches à suivre pour progresser dans la musique, toucher davantage le public et faire plaisir aux fans. Ils ont insisté sur l’importance de travailler pour que ma musique ne reste pas seulement connue au Burkina Faso, mais qu’elle traverse les frontières afin de faire rayonner notre pays à l’international. Je leur ai répondu que cela dépend aussi d’eux, les journalistes : nous, les artistes, nous faisons notre part en travaillant, mais c’est à eux de relayer nos œuvres pour que d’autres pays puissent les découvrir. À la suite de cette rencontre, nous avons pris la résolution de composer des sons qui puissent être écoutés au-delà du Burkina Faso. Cependant, comme dans toute entreprise, nous avons besoin de soutien. La musique, c’est aussi une question de moyens financiers. C’est pourquoi nous lançons un appel à tous Burkinabè ou non qui apprécient ce que nous faisons, de nous accompagner et de nous soutenir financièrement pour poursuivre notre travail. » Issouf Manem Yam Artiste
Le grand public le découvre avec le titre « Guem Daogo », en collaboration avec Abibou Sawadogo, qui marque un tournant dans sa carrière. D’autres morceaux comme Dounia, Na Viima Me, Beb Raado, Kend Nana ou encore Viviane avec Eva Dynamik Duo viennent enrichir un répertoire vibrant, mêlant sonorités traditionnelles et influences afro-contemporaines.
C’est avec son nouveau titre « Zambo », chanté en mooré et inspiré du rythme ancestral Tar-yaanga, qu’il s’impose définitivement sur la scène musicale burkinabè. Ce morceau, devenu emblématique, incarne l’âme même de son identité artistique.
« Ce qui m’a motivé à sortir cette chanson, c’est une expérience personnelle. J’ai été victime de tromperie, d’escroquerie dans le milieu du travail. Des gens ont été bernés, moi y compris. N’ayant pas le pouvoir d’agir directement, j’ai choisi de m’exprimer à travers la musique pour dénoncer ces pratiques. Mon message est clair : la tromperie et l’escroquerie ne sont pas bonnes. J’espère que ceux qui en sont victimes se reconnaîtront et que ceux qui en sont tentés comprendront qu’ils doivent changer. Et comme il est parfois difficile d’en parler ouvertement, j’ai préféré confier ces personnes à la sagesse et à la justice de nos ancêtres. » Issouf Manem Yam Artiste
Sa collaboration avec Sofiano, artiste emblématique d’une autre génération, illustre parfaitement une synergie musicale intergénérationnelle, empreinte de respect, de transmission et de modernité.
« Déjà, c’est mon neveu. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup, c’est quelqu’un qui chante bien, c’est quelqu’un que je côtoie. On est tous ensemble. Aujourd’hui, faire featuring avec un artiste, ce n’est pas pour le bling-bling ou pour ce que l’artiste est. C’est un partage d’émotions, c’est un partage de talents. C’est extraordinaire, c’est vraiment merveilleux. De faire le featuring avec un artiste et moi, j’étais complètement heureux d’avoir fait le featuring avec lui. Moi, je suis fier, je le dis, et à haute voix. C’est un artiste hors pair. Il est au-delà de son talent, c’est vrai. Les gens vont dire : « En fait, on ne le connaissait pas. » Mais on n’a pas besoin de connaître un artiste pour l’aimer. Non, la musique voyage. Et laissons la musique voyager. Vive la musique Burkinabé et vive la culture Burkinabé, c’est très important. » Sofiano Artiste musicien
Les journalistes et acteurs culturels présents ont salué l’initiative et exprimé leur admiration pour ce jeune talent, symbole d’une émergence culturelle burkinabè pleine de promesses.
« Moi, honnêtement, je vous le dis, je ne le connaissais pas. Mais après, quand j’ai commencé à écouter ses œuvres, et que j’ai même mis ça sur ma page, tout le monde m’a confirmé, effectivement, que c’est un artiste qui a même déjà un album, qui est déjà connu dans le monde des réseaux sociaux, surtout TikTok. Heureusement, malheureusement, moi, je ne suis pas beaucoup. Donc, j’ai donc décidé de faire le déplacement. Moi, je trouve que c’est un artiste qui est, comme je l’ai dit, qui est audacieux. Il fait une musique très endogène, mais il est encore un peu sous le prisme des musiques d’ambiance. Il a beaucoup de choses à faire sortir. Je sais qu’il n’a même pas encore présenté le quart de son talent. Je sais qu’il en a encore beaucoup, il va encore sur l’aval, tout ce qui marche maintenant. Mais après cette visibilité, il cherche l’identité en ce moment. Il est en train de chercher une identité. Autour de sa musique, autour du show Bis Burkinabé, autour des spectacles. Et après ça, forcément, il va sortir maintenant de son anonyme pour présenter un peu ce qu’il fait. Donc, je pense que sa méthodologie, elle est bonne. Chaque artiste a sa façon de faire. C’est peut-être son option. On va le suivre. » Hervé David Honla Journaliste culturel
« C’est l’un des grands artistes qui reste dans son authenticité. Se créer, ne pas se laisser mélanger par les styles urbains. Ailleurs, si l’amapiano aujourd’hui à conquéri l’Afrique, pourquoi pas Tar yanga qui va devenir certainement le symbole ou une âme pour la musique Burkinabè. Moi, je pense que c’est un des grands artistes que j’ai vus, qui est resté dans son registre, qui a pu vraiment s’inventer lui-même, il s’est créé et voilà le déclic qu’il a avec Zambo. » Hervé Ilboudo Journaliste culturel
Entre passion, authenticité et ambition, Issouf Manem Yam poursuit son ascension, faisant vibrer la culture burkinabè au rythme de ses créations, et portant haut les couleurs d’un patrimoine musical riche et vivant.