L’annonce du réquisitoire du parquet de Nanterre en faveur d’un procès pour viol contre Achraf Hakimi a jeté une lumière crue sur les rapports complexes entre notoriété, justice et opinion publique. Derrière la célébrité du joueur du Paris Saint-Germain, c’est une réalité autrement grave qui se joue : celle d’un système judiciaire sommé de dire le droit, au-delà des passions, des rumeurs et des puissances.
Depuis février 2023, l’affaire agite les réseaux sociaux, divise les commentaires, alimente les soupçons. D’un côté, une jeune femme qui dit avoir été agressée. De l’autre, un footballeur de haut niveau, mondialement connu, qui nie fermement les faits. Entre les deux : une société encore trop souvent mal à l’aise dès qu’il s’agit de nommer les violences sexuelles, et de traiter équitablement tant l’accusé que la plaignante.
Ce dossier, hautement médiatisé, exige de chacun une posture rare : la retenue. Retenue dans les jugements précipités. Retenue dans l’exploitation médiatique. Retenue dans les polarisations idéologiques qui instrumentalisent trop souvent ces affaires pour des combats étrangers à la vérité judiciaire.
Mais la justice, elle, avance. Pas à pas. Après plus d’un an d’instruction, le parquet considère que les charges sont suffisamment sérieuses pour que la lumière soit faite lors d’un procès. Ce n’est ni une condamnation, ni une déclaration d’innocence. C’est la suite logique d’une procédure, fondée sur un principe simple mais essentiel : seul un tribunal est légitime pour juger.
Le cas Hakimi interroge aussi la responsabilité des figures publiques. Être une idole sur un terrain ne saurait soustraire à l’exigence d’exemplarité dans la vie privée. Inversement, être accusé ne signifie pas être coupable. Il faudra du courage à la justice pour dire le droit, sans céder ni aux pressions médiatiques ni aux attentes déformées du public.
Au-delà du joueur, c’est une société tout entière que cette affaire oblige à regarder en face : comment elle écoute les victimes, comment elle protège les droits de la défense, comment elle construit la vérité dans l’arène publique.
Il n’y a qu’un seul camp à choisir dans cette affaire : celui de la justice.