La communauté internationale commémore la Journée mondiale des personnes handicapés ce 3 décembre 2020. Cette année, le thème retenu est : « Développons notre résilience collective pour trouver et mettre en œuvre des solutions durables afin de ne laisser personne de côté pendant et après la Covid-19 ». Souleymane Ouédraogo est le secrétaire général du Réseau nationale des organisations de personnes handicapées et attaché en étude et analyse au ministère des Droits humains et de la Promotion civique. Pour lui, les personnes en situation de handicap doivent être prises en compte dans toutes les discussions liées à la Covid-19.

Noorinfos : Quelle est l’état des lieux des personnes en situation de handicap au Burkina ?
Ouédraogo Souleymane : l’état des lieux des personnes en situation de handicap est difficile à dire, dans la mesure où les statistiques de ces personnes sont assez anciennes et qu’elles datent de 2006 lors du dernier recensement général de la population et de l’habitation. Ce qui ressort de ces statistiques, est qu’il y a autour de 174.000 personnes vivantes avec un handicap au Burkina, donc 0,1% de la population burkinabè. Ce qui ne reflète pas vraiment la réalité parce que lorsqu’on se réfère au rapport mondial sur le handicap, il est établi qu’il y a plus d’un milliard de personnes en situation de handicap dans le monde dont près de 80% se trouvent dans les pays en voie de développement comme le Burkina. Et des enquêtes indépendantes qui ont été menées dans ce sens, ont établi que le nombre de personnes en situation de handicap, est de près de 2.500.000 au Burkina. Nous espérons que ces chiffres seront actualisés avec le recensement général de la population et de l’habitation en cours qui prend en compte le questionnaire de « Washington group » qui est un référentiel international de données sur les personnes en situation de handicap.
Quel est le nombre de femmes et d’enfants de tous ces chiffres ?
Les femmes tournent autour de 28% et les enfants tournent autour de 75.000.
Depuis vos échangent avec le Premier ministre le 28 octobre dernier à l’occasion du forum national sur les personnes vivantes avec un handicap au Burkina à ce jour, vos doléances ont-elles été prises en compte ?
Il faut dire qu’il y a eu au moins 4 recommandations par province. Et globalement, c’est la prise en charge des personnes vivantes avec un handicap sur le plan sanitaire. Parce que le Burkina n’a jusque-là, pas beaucoup d’acquis sur ce plan. Il y a que les coûts d’examens spécifiques pour ces personnes sont chers et rares, les examens sont rares parce qu’il n’y a pas assez de spécialistes, les bâtiments ne sont pas accessibles parce qu’il manque de rampes d’accès, les installations médicales telles que les tables d’accouchement ne sont pas adaptées aux femmes en situation de handicap etc. Ce sont donc autant de doléances qui ont été faites et nous attendons que le nouveau référentiel du gouvernement actuel qui est le PNDES, les prennent en compte.
Le thème de l’édition 2020 de cette journée met en relief la Covid-19, comment cela devrait se traduire concrètement selon vous ?
Il y a que l’Union mondiale des aveugles, a mené une étude autour de la personne en situation de handicap pendant les moments difficiles de la Covid-19. Cette étude a montré que les personnes en situation de handicap et les personnes âgées ont été les plus exposées à cette pandémie. Les décisions qui ont été prises de part et d’autre, n’ont pas trop tenu comptes de ces personnes. Et ce n’est pas seulement qu’au Burkina mais dans toute la sous-région. La plupart des informations relatives à cette pandémie n’ont pas été traduites pour les personnes mal entendantes par exemple. Les différentes démonstrations par rapport au port du cache-nez et au lavage des mains n’ont pas bénéficié de mécanisme pour permettre aux personnes en situation de handicap d’y accéder. Comment la prise en charge d’une personne en situation de handicap est faite quand elle est atteinte de cette maladie ? Ce sont autant de préoccupations qu’il faut prendre en compte. Nous souhaitons donc que les mesures prises ne soient pas discriminatoires. Nous demandons aux autorités politico administratives, à la société civile et à tous les décideurs de prendre en compte les personnes en situation de handicap dans toutes les discussions liées à la Covid-19.
Quelles sont les activités prévues dans le cadre de la célébration de cette journée ?
Nous allons animer une conférence de presse dans la matinée du 3 décembre, ensuite une démonstration de Tor ball (du football joué à la main) et une conférence publique sur les droits des personnes en situation de handicap.
Noorinfos