Des tirs nourris d’artillerie lourde ont été entendus ce lundi 27 janvier jusqu’au centre-ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC). Selon des sources locales et des témoins, les combattants du groupe M23, soutenus par des membres des forces spéciales rwandaises, sont présents dans plusieurs quartiers de la ville, plongeant les habitants dans une terreur indescriptible.
La situation sécuritaire à Goma s’est détériorée de façon alarmante ces derniers jours. Des échanges de tirs sporadiques, mêlant armes légères et artillerie lourde, rythment les heures dans la ville. Les habitants, près d’un million selon les estimations, vivent terrés dans leurs maisons, craignant pour leur vie. Certains se réfugient sous les lits pour éviter les balles perdues. « Deux minutes, c’est calme, puis deux minutes, c’est chaud, et cela continue d’être chaud chaque seconde », raconte un résident du centre-ville, exprimant l’angoisse collective.
Privée d’électricité et d’eau courante depuis plusieurs jours, Goma est au bord de l’asphyxie. La fermeture de la frontière avec le Rwanda empêche de nombreux habitants de fuir la ville. Seuls quelques personnels humanitaires et membres des Nations unies ont pu être évacués sous escorte rwandaise.
Dans ce contexte chaotique, une évasion massive s’est produite à la prison de Munzenze, où des détenus ont pris la fuite après l’incendie de l’établissement. Des scènes de pillage et une intensification des violences ajoutent au désarroi des populations locales.
Face à cette crise, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a accusé directement le Rwanda de soutenir l’offensive du M23. Le Conseil de sécurité de l’ONU a dénoncé le mépris de la souveraineté de la RDC et appelé à des sanctions contre Kigali.Un sommet extraordinaire de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) est prévu dans les prochaines 48 heures. Il réunira les présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda), sous l’égide du président kényan William Ruto, dans une tentative de désamorcer les tensions.
Pour les habitants de Goma, l’heure est à la survie. Beaucoup ont tout laissé derrière eux, espérant un retour rapide à la paix. « On ne vit que de cela depuis notre enfance. Ce qu’on souhaite, c’est que la paix soit rétablie », confie Axel Cikomero, commerçant ayant fui avec sa famille.
Alors que le chaos s’étend et que les appels au cessez-le-feu se multiplient, la situation reste critique. Les regards sont tournés vers les acteurs régionaux et internationaux pour une réponse urgente et efficace.