Pala, Tchad – Le drame survenu il y’a 10 jours à l’école primaire EGTH, dans la province de Pala (Mayo-Kebbi Ouest), jette une lumière crue sur l’état préoccupant des infrastructures scolaires au Tchad. En pleine matinée de classe, un mur s’est effondré sur une salle de CE2, faisant cinq morts parmi les élèves et plus de quarante blessés, dont plusieurs grièvement atteints. Une tragédie qui bouleverse, mais qui, selon de nombreux observateurs, aurait pu être évitée.
Cette catastrophe n’est malheureusement pas un fait isolé. Dans plusieurs régions du pays, les écoles se trouvent dans un état de délabrement avancé. Construites pour certaines il y a plusieurs décennies ou improvisées avec des matériaux précaires, ces structures sont devenues des menaces permanentes pour les élèves et le corps enseignant.
Des murs fissurés, des toitures en ruine, des salles de classe sans bancs ni fenêtres, faites de paille ou de briques de terre crue : tel est le quotidien de milliers d’écoliers tchadiens. Chaque saison des pluies accentue la vulnérabilité de ces établissements. Chaque rafale de vent fait redouter le pire aux parents.
À la suite du drame de Pala, les autorités ont annoncé l’ouverture d’une enquête et la prise en charge des blessés, transférés à N’Djamena pour recevoir des soins. Des aides d’urgence ont également été apportées aux familles endeuillées. Des gestes nécessaires, mais qui ne sauraient suffire face à l’ampleur du problème.
Car au-delà de l’émotion suscitée, la situation exige une réponse structurelle et durable. L’école, censée être un lieu de savoir, d’épanouissement et de sécurité, ne peut continuer à être un espace de danger pour les enfants. Il est impératif que l’État tchadien, avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, s’engage dans un vaste chantier de réhabilitation et de construction d’infrastructures scolaires sûres, solides et adaptées aux réalités climatiques du pays.
Investir dans des écoles dignes, c’est investir dans l’avenir du Tchad. C’est donner aux enfants les conditions minimales pour apprendre, se construire et espérer un avenir meilleur. Et c’est, surtout, éviter que d’autres ne paient de leur vie le simple fait d’être allés en classe.
Nekarmbaye Roseline
Correspondante à N’Djamena