Ouagadougou a été le théâtre de vives manifestations ce jeudi 22 août , au cœur desquelles se trouvait une contestation virulente contre l’intersyndicale des magistrats. Des centaines de manifestants appelés Wayiyan , propres du pouvoir , se sont rassemblés devant le palais de justice pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un frein à la lutte contre le terrorisme.
La Coordination nationale des associations de Veille citoyenne (CNAVC) a pris la tête du mouvement, accusant les magistrats de ne pas se plier aux réquisitions émises dans le cadre du décret de mobilisation générale. « Qui est le juge pour se soustraire à cette mobilisation ? Qui est le magistrat pour échapper à ses obligations ? » s’est interrogé Ghislain Dabiré, porte-parole de la CNAVC, lors de la manifestation. Selon lui, les arguments avancés par les magistrats, qui invoquent leurs prérogatives professionnelles pour refuser de se conformer aux réquisitions, ne tiennent pas la route.
Les tensions sont montées d’un cran après que l’intersyndicale des magistrats a condamné, le 15 août dernier, une réquisition ordonnant à des magistrats de participer aux opérations de sécurisation du territoire aux côtés des Forces de sécurisation du Nord, basées à Kaya. L’intersyndicale y voit une tentative d’humiliation et d’intimidation à l’égard des magistrats, alors que le gouvernement considère cette réquisition comme une mesure nécessaire face à la menace terroriste.
Les manifestants, ont appelé les magistrats à « respecter les décisions des autorités » et à « éviter de saper la crédibilité de la justice ». Pour eux, il est essentiel que « tous les citoyens soient égaux devant la loi », surtout en période de crise nationale.
La CNAVC a, par ailleurs, réclamé la nomination du capitaine Ibrahim Traoré à la tête de la magistrature, un geste qui, selon eux, garantirait un retour à l’ordre et au respect des institutions.
Ces manifestations marquent une nouvelle étape dans le climat tendu qui règne actuellement au Burkina Faso, où la lutte contre le terrorisme s’intensifie, suscitant des débats sur les rôles et les responsabilités de chaque acteur de la société. La question reste désormais de savoir comment les autorités vont gérer cette fronde, tout en préservant l’équilibre délicat entre la sécurité nationale et l’indépendance de la justice.